L’examen du fond d’œil

Le fond d’œil permet au médecin de s’assurer de l’état des parties internes du globe oculaire. Que ce soit dans le cadre d’un suivi régulier ou suite à des symptômes divers, cet examen médical réclame des dispositions particulières : prévoir des lunettes de soleil, ne porter ni maquillage ni lentilles de contact et éviter la conduite à la sortie de la consultation. Pourquoi ce contrôle visuel est-il si particulier ? Quand faut-il le réaliser ? Qui le pratique et où ?

1. Quand et pourquoi examiner le fond de l’œil ?
2. Comment se déroule l’examen ?
3. Combien coûte l’examen du fond d’œil ?

Contrôler le fond de l’œil : comprendre l'examen

L’examen du fond d’œil permet à l’ophtalmologue de voir tout ce qui se situe derrière le cristallin, c’est-à-dire le corps vitré, la rétine, la macula, la vascularisation de l’œil et la papille (extrémité du nerf optique en contact avec l’œil). Au cours de cette observation, le médecin contrôle l’aspect de chaque partie de l’œil, il note la présence de taches ou d’anomalies qu’il interprète ensuite pour poser un diagnostic.

Quand et pourquoi examiner le fond de l’œil ? 

De manière générale, un fond d’œil est pratiqué lors des visites de contrôle visuel chez l’ophtalmologue. En cas d’amétropie (par exemple une myopie) et dès 45 ans, il doit être renouvelé tous les 2 ans. Au-delà de 65 ans, il convient de réaliser un fond d’œil tous les ans. Sinon, un examen tous les 5 ans est suffisant.

Un examen du fond d’œil est prescrit en cas de suspicion de maladies ophtalmiques, telles que la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), le glaucome, ou en cas de diabète ou d’hypertension. Il permet également de contrôler l’évolution de ces maladies et l’efficacité des traitements suivis.

Que voit-on lors d’un fond d’œil ?

L’ophtalmologue qui réalise un fond d’œil voit la rétine et la macula en jaune orangé plus ou moins foncé, le nerf optique apparaît comme un cercle clair et les vaisseaux sanguins sont visibles en rouge.

En cas de pathologie, des signes sont visibles sur les parties internes des yeux :

• Même s’il est précoce, un diabète a déjà pu engendrer des hémorragies dans l’œil et créer des nodules qui apparaissent comme des tâches blanches lors de l’examen du fond d’œil.
• En cas de DMLA, la macula est recouverte de dépôts appelés drusen, visibles lors de l’observation.
• Si le nerf optique, au niveau de la papille, présente une anomalie, il peut s’agir d’un début de glaucome.

Comment se déroule l’examen ?

Un examen du fond d’œil se prépare dès la prise de rendez-vous chez l’ophtalmologue. En effet, qu’il s’agisse d’une consultation de contrôle ou d’un acte prescrit pour rechercher un diagnostic, il convient de demander si le fond d’œil sera réalisé avec ou sans dilution de la pupille. Cela déterminera la durée à prévoir pour cet examen et les modalités de retour à domicile (besoin de lunettes de soleil, possibilité de conduire…).

Les différentes techniques pour réaliser l'examen

L'examen du fond de l’œil peut être effectué par plusieurs méthodes qui peuvent avoir une très bonne capacité de résolution des images internes de l’œil. Celles-ci s‘emploient selon la pathologie recherchée, le profil du patient et le niveau de précision requis.

1. L’ophtalmoscopie directe et indirecte : méthode la plus classique, puisque c’est à travers la pupille que l’on peut examiner le fond de l’œil. La directutilise un petit appareil tenu à la main qui fournit une image directement droite, d’une taille agrandie (15x) mais d’un champ de vision réduit, plutôt adaptée aux consultations de routine. L'indirecte est fondée sur l’utilisation d’une source lumineuse placée sur le front du médecin et d’une lentille mise devant l’œil du patient.
2. La biomicroscopie à lampe à fente : Un microscope est fixé à la lampe à fente et une lentille spéciale permet la prise d’images très détaillées du fond d’œil. Le patient est placé face à face avec le microscope et l’examen est souvent réalisé sous dilatation pupillaire.
3. La rétinographie (photographie du fond d’œil) : Au moyen d’une caméra spécialisée, son principal intérêt est de documenter l’état de la rétine, suivre l’évolution d’une pathologie dans le temps et surveiller convenablement une pathologie chronique comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Elle peut être réalisée avec ou sans dilatation pupillaire, en fonction des appareils. Certains de ceux-ci, récents, permettent une acquisition d’images sans contact, en étant rapide et indolore.
4. La tomographie en cohérence optique (OCT) : technique d’imagerie non-invasive de haute résolution, fondée sur l’obtention de coupes transversales de la rétine. L’OCT permet d’explorer les différentes couches de la rétine en obtenant une résolution micrométrique en ophtalmologie moderne.

Les différentes étapes de l'examen

En règle générale, la consultation durant laquelle le fond d’œil est pratiqué se déroule en deux parties, il est très rapide, indolore et primordial pour détecter précocement certaines maladies oculaires. L’ensemble de la procédure prend entre 5 et 15 minutes par œil, selon le procédé utilisé et le besoin de dilatation :

• Première partie qui comporte les contrôles visuels classiques et qui se termine par l’instillation de gouttes : Le patient est installé en position assise, le menton et le front en maintien sur un appui afin de stabiliser la tête. L’ophtalmologiste peut instiller des gouttes dilatantes dans les yeux, notamment lorsqu’il est nécessaire d’explorer la périphérie de la rétine. Ces gouttes sont efficaces après 15 à 30 minutes, provoquent une mydriase temporaire de la pupille, conduisant à une vision de près floue et un photophobie exacerbés pendant plusieurs heures.
• Seconde partie, environ 30 minutes après, pour réaliser le fond d’œil :  Au cours de l’examen, il est souvent demandé au patient de regarder vers un endroit ou de fixer un point lumineux pour une observation fine de la rétine. Dans la plupart des cas, les résultats sont interprétés rapidement. Le professionnel propose les images du fond de l’œil au patient et expliquer d’éventuelles anomalies constatées. Si une pathologie clinique est suspectée, un suivi ou recours à d’autres examens complémentaires pourraient être classés.

Cette organisation laisse le temps à la pupille de se dilater sous l’action des gouttes. Toutefois, il existe des méthodes d’examen du fond d’œil sans dilatation, mais elles ne permettent pas d’observer toute la structure de l’œil derrière le cristallin. Rappelons que la pupille se rétracte sous l’effet de la lumière, elle se rétrécit donc naturellement au cours des examens visuels et limite l’observation des parties internes de l'organe visuel.

Quelles gouttes sont utilisées pour réaliser un fond d’œil ?

Le collyre instillé dans les yeux lors de l'examen provoque la dilatation des pupilles. Cette action s’appelle la mydriase, les gouttes sont donc celles d’un collyre mydriatique. Elles sont composées soit d’atropine, qui provoque une dilatation plus prolongée, soit de tropicamide dont les effets sont plus légers. Si le médecin utilise un verre de Goldmann, un anesthésiant local sera ajouté aux gouttes mydriatriques.

Les effets secondaires de l'examen ?

La principale conséquence d’un fond d’œil est causée par la dilatation des pupilles : la vision est floue ! L’action des gouttes s’estompe dans un délai de 2 à 4 heures selon le composé du collyre (atropine ou tropicamide). C’est pourquoi il est recommandé de ne pas conduire suite à cet examen. Le recours à des lunettes de soleil permet d’éviter un éblouissement excessif dû, lui aussi, à la mydriase.

En résumé, les principaux effets ressentis après l’examen sont les suivants :

• Vision floue, principalement de près, pendant quelques temps
• Sensibilité à la lumière, car la pupille dilatée laisse passer plus de lumière, ce qui provoque un éblouissement
• Difficulté à conduire, il faut éviter de conduire après la dilatation : il faut venir accompagné, et ne pas recevoir de gouttes mydriatiques lors de la consultation
• Ces effets sont dus aux gouttes mydriatiques utilisées pour la dilatation de la pupille : ils s’atténuent simplement au cours des heures à venir, sans nécessiter de traitement.

À noter : exceptionnellement, des personnes plus sensibles peuvent ressentir un léger inconfort oculaire, des céphalées ou des réactions allergiques, aux gouttes, mais ces effets sont exceptionnels et doivent être signalés au professionnel de santé si cela se produit.

Nos recommandations pour l'examen du fond d’œil

L’examen du fond d’œil est un outil préventif à part entière, qu’il soit symptomatique ou non. Sa fréquence est en fonction de l’âge, des antécédents, des facteurs de risque du patient… Nos quelques recommandations générales :

• Adultes en bonne santé : un examen tous les 2 à 3 ans dès 40 ans
• À partir de 60 ans : contrôle annuel souhaitable, notamment pour dépister au plus tôt des pathologies liées à l’âge (DMLA, glaucome…)
• Diabétiques : examen du fond d’œil chaque année indispensable pour dépister une rétinopathie diabétique
• Hypertendus : le suivi est en fonction du degré de sévérité
• Antécédents familiaux de glaucome ou rétinienne : surveillance à établir avec l’ophtalmologiste
• Porteurs de myopie forte : contrôle annuel meilleur compte tenu du risque accru de décollement de rétine

Certaines pathologies, même si elles ne pourtant pas de gêne visuelle, peuvent évoluer « dans le silence ». Il est donc indispensable d’assurer la surveillance, notamment des publics à risques.

Un fond d’œil est-il douloureux ?

L’examen du fond d’œil n’est pas douloureux. Des gouttes anesthésiantes sont instillées en prévention d’un contact éventuel avec une lentille. Néanmoins, un éblouissement et un inconfort lié à la position de la tête sur la lampe à fente peuvent se ressentir. L’approche et la pose du verre de Goldmann peuvent exceptionnellement conduire à un malaise vagal.

Qui peut pratiquer un fond d’œil ?

Les orthoptistes sont habilités à procéder à un fond d’œil, mais seul l’ophtalmologue peut en interpréter les résultats.

Faut-il une ordonnance ?

C’est l’ophtalmologue qui décide de réaliser un fond d’œil ou non, et de poursuivre les investigations médicales en fonction des résultats obtenus.

L’ophtalmologue est un médecin, il n’est donc pas nécessaire d’avoir une ordonnance pour suivre cet examen. Toutefois, un médecin traitant peut prescrire un fond d’œil en cas de suspicion de pathologie. Pour cela, il dirige son patient vers un ophtalmologue qui prendra la suite de la prise en charge.

Combien coûte l’examen du fond d’œil ?

Un fond d’œil coûte en moyenne 30 €. La sécurité sociale en rembourse 70 % si l’assuré a suivi cet examen, soit directement pendant une consultation directe chez un ophtalmologue, soit après consultation de son médecin traitant.