Les biotechnologies pour retrouver la vue
Depuis une dizaine d’années, les laboratoires de recherche du monde entier développent des systèmes capables de pallier les déficiences visuelles. Ainsi, depuis 2011, divers dispositifs, souvent sous forme de lunettes connectées, ont permis de compenser les pertes visuelles, notamment celles dues à la DMLA. Ces innovations reposent sur le remplacement de la rétine ou le contournement des nerfs optiques endommagés grâce à la création d’une « passerelle artificielle » permettant de transmettre les signaux captés par l’œil à la zone du cerveau responsable de la vision.
L’œil bionique de 2021 : l’implant Phoenix 99 et la technologie Gennaris
La nouveauté proposée par l’équipe australienne de l’université de Monash consiste à contourner les défaillances du nerf optique et à implanter des récepteurs-transmetteurs directement dans l’œil ou le cerveau en fonction de l’origine de la malvoyance.
Ce procédé, appelé Gennaris, permet donc de stimuler la production de signaux nerveux, voire de les simuler, grâce à l’implant Phœnix-99. Les influx nerveux ainsi générés sont envoyés au cerveau du patient, qui pourra les interpréter comme des images vues par ses propres yeux.
Comment fonctionne cet œil bionique venu d’Australie ?
Le système Gennaris est composé d’un casque réalisé sur-mesure. Il réunit un processeur de la taille d’un smartphone, une paire de lunettes munie d’une caméra et un transmetteur sous-cutané situé derrière l’oreille. Le transmetteur communique avec l’implant Phœnix-99 greffé derrière l’œil. Les images captées par la caméra sont transformées en flux électrique envoyé par le transmetteur à l’implant. Le Phœnix-99 diffuse alors les informations qui seront « lues » par le cerveau.
Dans un premier temps, la technologie Gennaris a pour but de capter et de transmettre des données visuelles au cerveau. Mais les chercheurs australiens envisagent d’élargir ses fonctions pour guérir des troubles de la motricité liés à des déficiences neurologiques.
Pour le moment, la phase de test sur l’Homme n’a pas encore commencé.
Et l’EC-Eye, qu’est-ce que c’est ?
Lorsque l’on s’intéresse à l’émergence des yeux bioniques et aux prothèses oculaires intelligentes, difficile de passer à côté de l’EC-eye. Il s’agit du premier œil entièrement de synthèse à reproduire exactement la physionomie et le fonctionnement de l’organe. De taille similaire à un œil naturel il est composé de liquide ionique et de lentilles pour reproduire les mécanismes de la vision. Il comporte également de nombreux « nerfs » artificiels faits en métal liquide qui conduisent des informations électriques au cerveau, qui les analysera comme n’importe quel flux nerveux. Ses créateurs, basés à Hong-Kong et à Berkeley, promettent des performances qui dépasseraient celle d’un œil humain. Ils pensent pouvoir l’implanter sur l’Homme avant 2030.
En France, peut-on obtenir un œil bionique ?
Certains patients français souffrant de rétinite pigmentaire ont pu bénéficier de ces technologies de pointe, entièrement prises en charge par la CPAM grâce au Forfait Innovation. Le dispositif implanté à une trentaine de volontaires est similaire au dispositif australien, à la différence que seules des électrodes compensant des défaillances rétiniennes sont implantées à la surface de la rétine.
Le prix d’un œil bionique
Regorgeant de technologie de pointe, développés par des chercheurs émérites dans de prestigieux laboratoires, exigeant une parfaite maîtrise chirurgicale pour être implantés, les yeux bioniques coûtent très cher. Ceux actuellement testés en France sont aux alentours de 90.000 €.