Qu’est-ce que l’aphantasie, l’absence de vision mentale ?
L’aphantasie est une forme de handicap empêchant ses porteurs de créer des images mentales. Elle a été mise en évidence en 2015, par le chercheur Adam Zeman de l'Université d’Exeter, qui lui a donné son nom. Néanmoins, elle se fait également appeler « esprit aveugle » ou encore « cécité de l’esprit ».
L’aphantasie caractérise une incapacité à produire volontairement des projections mentales. Penser à un arbre de Noël sans pouvoir l’imaginer, le visualiser, par exemple. Cette absence d’image ne concerne que la vue, car il est possible que les aphantasiques entendent les sons liés à une situation évoquée, ou se remémorent les odeurs d’un souvenir.
Quelles sont, à l’heure actuelle, les connaissances à propos de ce trouble de l’imagination ?
Causes et symptômes de l’incapacité de visualisation
L’origine de l’aphantasie n’est pas encore établie. Cette pathologie pourrait être la conséquence d’un traumatisme cérébral, comme d’une particularité congénitale. Une étude de 2018 réalisée par les Professeurs Keogh et Pearson, démontre que l’inactivation du cortex visuel nécessaire à la visualisation serait causée par un manque de connexion avec le cortex frontal, responsable de l’imagination. Le lien entre la pensée et la vision interne ne serait en quelque sorte pas permis.
Les tests de détection de l’aphantasie
Il est très délicat pour la sphère médicale de mesurer l’imagination et la capacité de visualisation mentale d’un patient. La détection de l’aphantasie relève actuellement plus de l’auto-diagnostic réalisé à partir de multiples tests que du protocole médical parfaitement établi. Les tests dits « de la pomme », « de l’étoile », ou divers dispositifs de détections en ligne permettent d’avoir une estimation assez grossière des risques d’être aphantasique.
Le test VVIQ (Vividness of Visual Imagery Questionnaire) est pour l’heure le test de référence pour démontrer l’existence de l’aphantasie. Il est accessible en ligne.
Les pupilles, moyen le plus fiable de déceler l’aphantasie ?
Sous l’égide du Professeur Lachlan Kay, une équipe de chercheurs australiens a publié une nouvelle étude sur l’aphantasie dans la revue scientifique eLife. Le scientifique hollandais Mathöt avait déjà prouvé que la taille des pupilles variait en fonction de l’activité cérébrale et en fonction de l’imagination. Ainsi, les pupilles s’agrandissent quand on pense à des objets, à des lieux voire à des mots sombres, alors qu’elles se rétractent lorsque l’on imagine des choses lumineuses ou claires…Sauf pour les 18 aphantasiques de l’échantillon testé par les Australiens ! Leurs pupilles ne changeaient pas de taille. Cet élément permettrait d’établir un diagnostic beaucoup plus objectif de la maladie que des auto-tests reposant sur des impressions.
Traitements et conséquences de l’aphantasie visuelle
Il n’existe aucun traitement contre l’aphantasie. Elle n’engendre par ailleurs pas de problèmes majeurs dans la vie des personnes qui constatent leur incapacité à visualiser. Toutefois, elle augmente les risques de ne pas reconnaître les visages (prosopagnosie), d’avoir un mauvais sens de l’orientation ou une mauvaise mémoire biographique comme l’a exposé le Professeur Dawes dans une étude publiée en 2020. Il démontre également que certaines personnes atteintes d’aphantasie n’ont pas non plus accès aux images dans leurs rêves, qui sont alors orientés sur d’autres sens (émotions, goûts, touchers, sons…). Il leur serait également difficile de se projeter, d’imaginer le futur.
De nombreux témoignages de personnes atteintes d’aphantasie révèlent qu’elles se sentent différentes, qu’elles n’ont pas accès au plaisir de lecture quand les livres ne comportent pas d’images, qu’elles ont dû trouver des alternatives pour apprendre leurs cours malgré leur défaut de mémoire visuelle, qu’elles ne réagissent qu’assez peu aux films d’horreur et pas du tout aux histoires effrayantes quand elles sont racontées.