L’oculométrie ou eye tracking : c’est quoi ?
L’eye tracking est l’étude du mouvement des yeux. En français, cette technique porte le nom d’oculométrie. Elle est initiée à la fin du XIXe siècle, par l’ophtalmologue Louis Emile Javal. Ce dernier remarque que lors de la lecture, les yeux n’effectuent pas des mouvements fluides, mais plutôt des saccades et des périodes de pause. À la suite de cette découverte, de nombreux scientifiques se succèdent pour étudier les mouvements des yeux et en comprendre la signification. L’arrivée de l’informatique va modifier l’oculométrie, offrant d’une part de nouveaux outils d’observation et de mesures, et d’autre part un nouveau domaine d’application. En effet, sont depuis étudiés les mouvements des yeux sur un écran d’ordinateur.
Mais que nous apprennent ces études sur les mouvements oculaires ? Sur quoi peuvent déboucher ces connaissances ? À quoi sert l’oculométrie ? Comment fonctionne l’eye tracking ?
Comment fonctionne l’eye tracking ?
Pour suivre le mouvement des yeux, on utilise un appareil nommé « oculomètre ». Il est muni d’au moins une caméra et souvent d’une lumière infrarouge. La caméra permet d’enregistrer le mouvement des yeux, notamment en y captant les reflets de lumière sur la pupille. Pour qu’un eye tracking soit concluant, il est important de calibrer au préalable l’appareil, en fonction de son utilisateur : est-il porteur d’un strabisme ? A-t-il un défaut de réfraction ? Quelle est la taille initiale de sa pupille ? Ces données sont utiles aux algorithmes de l’eye tracking pour analyser correctement les mouvements oculaires.
L’eye tracking permet ainsi de voir ce que regarde l’utilisateur et le parcours de son regard.
Les applications de l’oculométrie, de l’eye tracking challenge à la biométrie
L’oculométrie a dans un premier temps servi à décrypter les mécanismes de la lecture, mettant au jour des mouvements de balayage oculaire suivis de mouvements de pause. Les mouvements de balayage servent à percevoir les mots, à les reconnaître, tandis que les pauses servent à les analyser.
Au XIXe siècle, l’eye tracking a ainsi dévoilé un lien entre activité oculaire et activité cognitive
L’oculométrie au service de l’éducation et de la sécurité routière
Grâce à cette découverte, l’eye tracking est aujourd’hui utilisé dans les dispositifs de sécurité routière. Par exemple, lorsqu’un conducteur a le regard fixe trop longtemps et la pupille qui se dilate, le dispositif émet un signal sonore pour alerter sur la perte de concentration. Les mouvements oculaires, et en l’occurrence leur absence, trahissent une perte de vigilance et d’attention, soit en ralentissant soit en se portant sur un autre objet.
L’oculométrie est donc une étude très précieuse lorsqu’il est question d’analyser l’attention d’une personne. Cela permet aux commerces, publicitaires, scénographes, mais aussi aux pédagogues d’analyser quels sont les endroits les plus regardés. Ils peuvent ensuite en déduire les dispositions les plus pertinentes pour placer les éléments importants qu’ils souhaitent faire observer au public.
Les appareils d’oculométrie sont aujourd’hui assez petits pour être glissés sur une paire de lunettes. Les études d’eye tracking peuvent donc s’intéresser au regard porté dans un espace comme un magasin, un musée, un écran d’ordinateur ou une page de livre.
L’eye tracking au service de l’ergonomie
L’utilisation de l’oculométrie en ergonomie permet de concevoir des outils intuitifs, qu’ils soient informatiques, mécaniques ou autres. Elle est fréquemment utilisée dans le cadre de la conception d’un produit ou d’un équipement. Par exemple, si le regard des utilisateurs se porte prioritairement sur le haut d’une boîte, c’est à cet endroit qu’il faudra y installer un bouton marche-arrêt. Si l’attention des usagers est principalement attirée par des mots écrits en rouge et en gras, il sera utile d’écrire des informations importantes dans ce type de police de caractères. Si les internautes se concentrent majoritairement sur le haut des pages internet, il sera pertinent de placer dans cet espace des boutons-fonctions comme « chercher », « commander », « payer » ou « prendre contact ».
Mais l’eye tracking ne se contente pas de jouer un rôle dans le cadre d’études ou d’analyses. Il peut également avoir des applications concrètes et directes. Il permet par exemple aujourd’hui de donner des ordres aux ordinateurs grâce aux yeux. Des smartphones utilisent l’eye tracking et la biométrie de l’iris pour se déverrouiller. Certains jeux vidéo, comme Dying light ou Forza Horizon, ont recours à l’eye tracking pour plonger les joueurs dans un monde plus immersif.
L’étude des mouvements oculaires au service de la médecine
De nombreuses applications de l’oculométrie s’adressent aux personnes handicapées. Par exemple, celles qui ne peuvent plus parler ni écrire, peuvent communiquer via l’oculométrie, qui leur permet de « dicter » des mots ou de contrôler des ordinateurs avec leur regard.