Cécité et lecture tactile : lire grâce au toucher
Quand un sens fait défaut, il faut savoir tirer le meilleur des 4 autres pour compenser la faille. C’est en partant de ce principe que Louis Braille a mis au point la méthode de lecture pour personnes atteintes de cécité qui porte son nom : le braille. Grâce à un système d’alphabet en relief, le toucher se substitue à la vue et permet aux personnes malvoyantes ou aveugles de décrypter un texte.
L’apparition des alphabets en relief
L’Histoire nous apprend que depuis toujours des systèmes de repérage pour les mal-voyants existent. Louis Braille n’est pas le premier à avoir eu l’idée d’exploiter le toucher pour contourner des problèmes liés à la vue.
- La première trace d’enseignement d’un code de lecture pour déficients visuels date du XIVe siècle. Zain-Din al Amidi, professeur et bibliothécaire irakien diffuse à l’époque une méthode de reconnaissance d’ouvrages qu’il a mise au point.
- Au XVIIe siècle, c’est un moine jésuite italien, Francesco Lana de Terzi, qui établit et enseigne un premier procédé d’écriture et de lecture en relief : le système Lana.
- À la fin du 18e siècle, Valentin Haüy, un érudit français, crée la première école française pour aveugles et utilise une méthode d’écriture et de lecture appelée « relief linéaire ».
- Au début du 19e siècle, Charles Barbier de La Serre étudie lui aussi de nouvelles possibilités d’écriture et de lecture, qui permettent notamment un usage dans le noir et qui emploient davantage la phonétique, afin de démocratiser l’éducation.
Louis Braille et l’invention d’un système de lecture pour déficients visuels
C’est au cours d’une démonstration du procédé mis au point par Charles Barbier de La Serre en 1821 que le jeune Louis Braille entre en contact avec cette nouvelle forme d’écriture destinée aux personnes déficientes visuelles. Il est alors élève de l’institution nationale pour enfants aveugles, créée quelques dizaines d’années plus tôt par Valentin Haüy.
Louis Braille améliore et simplifie la méthode de Charles Barbier de La Serre. Il va passer plus de 8 ans à élaborer un système d’écriture et donc de lecture, à la portée de tous, quelle que soit la langue. En 1828, l’alphabet Braille est officiellement présenté.
Comment lire et écrire en braille ?
Le braille se base sur les lettres utilisées par les voyants, qu’il retranscrit en une séquence de points saillants pouvant être déchiffrée du bout des doigts.
Le braille permet de coder toutes les langues, la ponctuation, les mathématiques et la musique. Il contient 64 signes, composés de combinaisons de 1 à 6 points (8 pour certaines matières scientifiques), disposés sur 2 colonnes.
C’est à ce jour, le système d’écriture et de lecture pour les personnes mal-voyantes, le plus complet.
Différents appareils ou accessoires permettent d’écrire en braille. Lors de son élaboration, le poinçon, le guide à main et la tablette, qui avaient été mis au point par Charles Barbier de La Serre, sont repris par Louis Braille. Ils sont encore utilisés de nos jours, mais ils demandent du temps et une attention particulière. En effet, pour réaliser les bosses sur l’endroit du papier, il est nécessaire d’écrire en miroir sur la tablette qui sera ensuite posée sur l’envers du papier pour guider le poinçon.
La machine de Perkins permet d’éditer des feuillets en braille plus rapidement qu’à la main. C’est un appareil simple d’utilisation, créé en 1936. Dans la foulée est apparu le bloc-notes braille, un outil petit et facile à utiliser permettant d’écrire en braille dans tous les contextes.
Enfin des imprimantes électriques ont vu le jour dès la fin du XXe siècle. Elles sont appelées embosseuses.
Le braille dans le monde
Le braille est utilisé par 6 millions de personnes dans le monde, alors que l’on dénombre 36 millions de personnes aveugles et 217 millions de déficients visuels. En France, à peine 8 % des ouvrages sont traduits en braille. Ces chiffres démontrent les difficultés d’accès à l’écriture, à la lecture et dans une certaine mesure à la culture, rencontrées par les personnes mal-voyantes.
Braille et technologie
L’emploi systématisé de l’informatique, grâce aux ordinateurs et aux téléphones portables, est une aide précieuse pour les personnes souffrant de basse vision ou de cécité. Cette révolution du quotidien ne rend plus indispensable l’apprentissage du braille qui peut être décrypté directement par des logiciels informatiques. Néanmoins, le braille est un outil qui a permis, et permet encore, une autonomie et un partage d’informations à la portée de tous.