Les tumeurs cancéreuses oculaires
Tous les cancers sont caractérisés par la formation de tumeurs dites malignes. Une cellule subit une série de transformations génétiques (mutations) et se multiple de façon anarchique et excessive, jusqu’à la formation d’une tumeur. Selon la nature de cette première cellule, le cancer sera un lymphome, un gliome, un carcinome, un sarcome, un mélanome… En parallèle, le système naturel d’autodestruction permettant d’amorcer le renouvellement cellulaire ne fonctionne plus chez ces nouvelles cellules. Et puisqu’elles appartiennent à l’organisme, elles ne sont pas reconnues par le système immunitaire comme corps étranger. Elles deviennent pour ainsi dire invincibles pour l’organisme. Ainsi, l’organe touché devient l’hôte d’un agrégat de cellules porteuses d’anomalies génétiques qui ne peuvent être détruites et qui vont proliférer en détériorant l’organisme.
Ce phénomène est susceptible de toucher l’œil au même titre que les autres organes.
Mélanomes, lymphomes, HPV, rétinoblastome : quels sont les cancers des yeux ?
- La majorité des cancers de l’œil chez l’adulte sont des mélanomes de l’uvée, la membrane qui contient entres autres la choroïde et l’iris. En France, en moyenne 600 personnes se font diagnostiquer un mélanome de l’uvée chaque année. Le mélanome uvéal se développe à partir d’une cellule pigmentaire de l’œil (un mélanocyte) qui se situe dans l’uvée. On retrouve ce processus chez le mélanome de la conjonctive, qui est plus rare.
- Les carcinomes des yeux touchent l'épiderme de l’œil. En effet, le carcinome est un cancer qui prend naissance dans les cellules de la peau, mais aussi des muqueuses. Il peut donc se retrouver dans différentes structures de l’œil. Une infection au HPV (papillomavirus) peut être l’origine d’un carcinome oculaire, puisqu’il s’attaque aux muqueuses.
- Il existe également des lymphomes oculaires dont l’origine est la mutation et la multiplication des globules blancs. Environ 300 nouveaux cas par an en France sont dépistés, incluant le lymphome intraoculaire et le lymphome de la conjonctive.
- Les sarcomes orbitaires sont des cancers qui prennent naissance dans les tissus mous de l’œil, notamment les muscles.
- Le rétinoblastome est quant à lui un cancer pédiatrique, qui touche une cinquantaine d’enfants par an en France. Il concerne les cellules de la rétine.
Les causes et les facteurs de risque du cancer de l’œil
L’incidence des cancers des yeux est relativement faible, ce qui rend ce cancer méconnu. Il peut toucher n’importe quelle personne en dehors de tout facteur de risque. Toutefois, une liste de comportements, d’états ou d’expositions à certaines substances augmentant les risques de développer un cancer de l’œil a été établie. Les cancers des yeux sont plus fréquents chez :
- les personnes atteintes d’une pathologie concernant la production de mélanine (mélanose) ou du VIH
- les caucasiens aux cheveux et yeux clairs
- les personnes porteuses de nevi ou nævus (grains de beauté sur la peau ou sur les yeux) et/ou de tâches de rousseur
- les adeptes de bronzage artificiel ou d’expositions solaires excessives
- les professionnels pratiquant une activité les exposant aux UV (telle que les soudeurs ou les pilotes de ligne) ou à des produits chimiques toxiques
- les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer
Les symptômes d’un cancer de l’œil
Le dépistage précoce du cancer de l’œil est peu évident. Le manque d’ophtalmologues qui rend difficile un examen fréquent de la santé visuelle et le manque d’informations sur cette forme rare de cancer rendent compliquée sa détection. En outre, les premiers signaux perceptibles apparaissent alors que le cancer est déjà suffisamment installé pour perturber la fonction visuelle. C’est pourquoi il est important de repérer les désordres visuels qui doivent conduire à prendre rendez-vous avec un médecin le plus rapidement possible. Plus un traitement est instauré tôt, meilleures sont les chances de guérison.
Voici les signes à ne pas négliger :
- chez l’enfant, un strabisme peut être un symptôme de rétinoblastome
- en cas de rétinoblastome, un reflet blanc au niveau de la pupille peut se voir
- une réduction subite du champ visuel
- des éclairs lumineux, des mouches, des tâches ou des ombres présents dans un endroit précis du champ visuel
- une altération brutale de l’acuité visuelle
- des yeux rouges et douloureux
- une cécité soudaine
- des mouvements des yeux involontaires
- une saillie des yeux
- un changement de taille ou de forme de la pupille
- l’apparition d’une tâche au niveau de l’iris
L’évolution d’un cancer de l’œil : les métastases
Près d’un cas de cancer de l’œil sur trois développe des métastases, souvent faute de diagnostic et donc de traitement précoce. On parle de métastases lorsque les cellules cancéreuses quittent leur « lieu de naissance » (ou tumeur primitive) pour migrer vers le reste du corps. Dans un premier temps, elles s’installent et colonisent les tissus voisins (nerf optique, paupière, glande lacrymale, les os de l’orbite…), puis par le biais des vaisseaux corporels, elles peuvent atteindre tous les organes. Dans 90 % des cas de cancers de l’œil métastatique, le foie est l’organe de migration des cellules cancéreuses.
Le cancer de l’œil est-il mortel ?
Le cancer de l’œil peut devenir métastatique et atteindre des organes vitaux. L’un des effets des cellules cancéreuses est de nécroser leurs homologues saines, auxquelles elles s’accrochent pour constituer de nouvelles tumeurs.
Plus un cancer de l’œil est dépisté tôt, moins il met en danger la vie de son « hôte ». Les conséquences d’un cancer de l’œil ne touchent pas que les fonctions optiques (perturbées par la présence des tumeurs et la compression des structures environnantes) mais bien tout l’organisme, qui peut potentiellement être envahi par des métastases.
Comment soigner un cancer de l’œil ?
Suite au diagnostic, l’équipe médicale établit un parcours de soins personnalisé en fonction de la nature du cancer et des caractéristiques du patient (son âge, ses antécédents, sa réponse aux traitements). Les médecins spécialisés sont des oncologues ou cancérologues. Il existe des centres médicaux de référence dans la prise en charge des cancers de l’œil en France, regroupés autour du réseau Mélachonat initié par l’institut Curie.
Le traitement du cancer peut passer par :
- la chirurgie, lorsque l’emplacement et la taille de la tumeur le permettent, une exérèse (ablation) du cancer est envisagée
- la radiothérapie, hautement précise pour les cancers de l’œil et nommée protonthérapie
- la chimiothérapie, un traitement médicamenteux permettant de détruire les cellules cancéreuses présentes dans différents endroits du corps
Énucléation et exentération pour traiter le cancer de l’œil
L’énucléation consiste à retirer le globe oculaire et le début du nerf optique. Elle est parfois le dernier recours en cas de récidive ou d’absence de réponse aux autres thérapies. Si le cancer a déjà atteint le nerf optique, l’équipe médicale peut aussi décider de retirer l’œil plutôt que de laisser le cancer gagner davantage de terrain.
Si le cancer s’est propagé aux os et aux tissus autour de l’œil, il est possible qu’une exentération soit pratiquée. Dans ce cas, en plus du globe oculaire et du nerf optique, une partie des os de l’orbite ainsi que les paupières et les muscles oculaires sont retirés.
Rémission et guérison
Il faut rester prudent quant au fait de déclarer une guérison après un cancer. Dans le cas d’un cancer de l’œil, les métastases peuvent rester dormantes durant 10 ans. Néanmoins, grâce aux traitements de pointe actuellement mis à disposition, en conservant un suivi médical régulier et une hygiène de vie adaptée, il y a moins de 5 % de récidives.
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