Déserts médicaux et ophtalmologie

La démographie médicale française est extrêmement déséquilibrée. Certaines communes, voire des régions entières, souffrent d’une densité de médecins particulièrement faible. Ce phénomène de désertification médicale touche notamment sévèrement l’ophtalmologie, spécialité à laquelle l’accès est parmi les plus difficiles pour les patients.

1. Pourquoi manque- t-on d’ophtalmologues en France ?
2. Difficulté à obtenir un rendez-vous, délai d’attente important : les conséquences des déserts médicaux
3. Comment garantir une bonne prise en charge visuelle malgré le manque d’ophtalmos ?

La pénurie d’ophtalmologues

Selon l’étude d’OpinionWay de 2022, 56 % des Français doivent attendre au moins 4 mois pour avoir une consultation d’ophtalmologie. Ce constat place toute la France en état de « désert médical », même si quelques zones restent plus favorables que d’autres en termes d’accès aux soins visuels. Comment s’explique cette désertification médicale ? Quelles en sont les conséquences ? Et enfin, comment malgré tout, bénéficier d’une bonne prise en charge de votre santé visuelle ? On vous dit tout dans cet article.

Pourquoi manque- t-on d’ophtalmologues en France ?

La pénurie d’ophtalmologues en France est mathématiquement due à un manque de praticiens. S’il est vrai que durant des années, les départs en retraite ont été supérieurs au nombre de jeunes diplômés, il s’avère que d’autres facteurs entrent en ligne de compte pour expliquer ce manque de spécialistes en ophtalmologie.

• La population française est vieillissante, d’où une augmentation du nombre de presbytes. Et les troubles visuels comme la myopie sont de plus en plus nombreux. Les besoins de prise en charge visuelle, liés à l’âge ou aux conditions de vie modernes, impliquent des suivis plus réguliers et plus longs.
• Les jeunes diplômés de médecine ont la liberté de s’installer où ils le souhaitent. Naturellement, certaines régions et villes sont plus attractives que d’autres. Un équilibre parfait entre soleil, vie citadine non loin de la campagne, patients nombreux et aisés, place les villes de la Côte d’Azur hors des déserts médicaux par exemple. À contrario des zones rurales trop peu peuplées, comme les zones urbaines sensibles, n’attirent pas les professionnels de santé.
• Par ailleurs, les médecins peuvent aussi se faire embaucher dans des centres de santé au lieu d’ouvrir leur propre cabinet. Ces regroupements de professionnels permettent de réduire les frais et charges, d’obtenir des conditions de travail plus sereines, de bénéficier d’une patientèle déjà établie… Mais ces centres ne s’installent qu’aux endroits où ils seront rentables, donc dans des zones assez peuplées.
• L’ophtalmologie est une spécialité médicale qui réclame un équipement onéreux. Ce matériel cher n’est pas facilement accessible aux jeunes diplômés. Cela les incite à intégrer ou à partager des cabinets déjà existants. Ces appareils sont un investissement lourd qui pèse dans la balance au moment de choisir où s’installer !

Difficulté à obtenir un rendez-vous, délai d’attente important : les conséquences des déserts médicaux

Conséquences d’un nombre de praticiens trop limité : les ophtalmologues ont une patientèle bien trop importante et sont contraints de refuser de nouveaux patients. Une étude du Guide Santé révèle qu’un ophtalmologue sur trois ne peut plus accepter de nouveaux patients, et qu’environ 1 cabinet sur 5 ne répond même plus aux appels téléphoniques.

Quelles sont les régions les plus touchées par le manque d’ophtalmologistes ?

Néanmoins, toutes les régions ne sont pas concernées par cette pénurie d’ophtalmologues. La source majeure des déserts médicaux n’est pas uniquement le manque de praticiens, mais aussi leur installation mal répartie sur le territoire.

La moyenne nationale d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologue est de 70 jours, mais cette moyenne ne témoigne pas des inégalités territoriales.

Ainsi, à Paris, un rendez-vous chez l’ophtalmologue demande un délai d’une vingtaine de jours. Il est encore possible d’obtenir un rendez-vous d’ophtalmologie le jour-même à Cannes. Par contre, dans des régions comme l’Indre, il faudra attendre plus de 217 jours pour obtenir une consultation d’ophtalmologie.

Comment garantir une bonne prise en charge visuelle malgré le manque d’ophtalmos ?

Des solutions émergent, à l’initiative de certains ophtalmologues.

Pour répondre aux besoins de suivi visuel, certains montent des cabinets pluridisciplinaires où infirmières, orthoptistes, optométristes et opticiens se complètent. Dans ces structures, un seul médecin en ophtalmologie. Son rôle est de vérifier des résultats d’examens, la cohérence d’une ordonnance… Ainsi, il consacre moins de 10 minutes à chaque patient. Les patients sont pris en charge par les différents professionnels de santé visuelle du cabinet et bénéficient d’un suivi de qualité.

Les téléconsultations, avec télécabines, sont initiées dans certaines régions, comme dans l’Eure à Evreux, avec le dispositif Doctovue.

Mais certains opticiens proposent également des téléconsultations dans les déserts médicaux visuels. La télé-ophtalmologie nécessite généralement la présence d’un optométriste qui effectue un bilan visuel en amont de la consultation avec l’ophtalmologue. De nombreux opticiens sont également optométristes.

Leur aptitude à renouveler des lunettes et des lentilles restent encore trop méconnue. C’est pourtant, avec les examens visuels qu’ils sont habilités à faire passer, un bon moyen de contrôler et de corriger sa vue sans passer par un rendez-vous chez l’ophtalmologue.

Répartis sur tout le territoire, les opticiens peuvent renouveler et rectifier une ordonnance médicale de correction visuelle valide. Une ordonnance pour correction visuelle est valable 5 ans pour les patients de 16 à 42 ans, 3 ans au-delà de 42 ans et 1 an pour les moins de 16 ans.