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Les déserts médicaux en France

La démographie médicale est très déséquilibrée en France, créant ce que l’on appelle des déserts médicaux. Un phénomène qui se traduit concrètement par l’existence de villages, voire des départements entiers, recherchant désespérément des médecins généralistes, par des médecins ne prenant plus de nouveaux patients, par des délais entre deux consultations qui dépassent parfois les 6 mois… Comment ces déserts médicaux se sont créés ? Quelles mesures les pouvoirs publics prennent-ils pour y faire face ? Que peut-on faire pour obtenir un rendez-vous médical dans une zone rurale en proie à la désertification médicale ? On vous dit tout.

  1. Quels sont les déserts médicaux en France ?
  2. Trouver un médecin dans un désert médical
  3. Que faire si je ne trouve pas de médecin ?
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Les déserts médicaux : définition, causes et conséquences

La définition du terme « désert médical » fait l’objet d’une définition claire et établie depuis que cette problématique est devenue un enjeu de santé publique et une question politique majeure. On parle donc de désert médical lorsque, dans un territoire précis, les délais pour obtenir un rendez-vous médical peuvent nuire à la santé des patients, quand les patients avec de légers problèmes de santé ont recours aux urgences et lorsqu’il devient difficile de trouver un médecin traitant.

Quels sont les déserts médicaux en France ?

L’accessibilité aux soins semble être plus difficile dans les zones rurales et dans les banlieues, notamment au nord de la France. Du fait d’un surplus de patientèle, mais aussi de conditions de vie parfois complexes qui ne permettent pas de trouver facilement un médecin.
Toutes les régions de France sont en partie touchées par ce phénomène.  Parmi les zones souffrant de la plus faible densité de médecins du pays, on retrouve des zones reculées de l’Ain, mais aussi des régions dites « sensibles » comme certains quartiers d’Île-de-France.

La fracture sanitaire : des chiffres qui en témoignent

Les déserts médicaux touchent près d’un tiers de la population française. Plus de 8 millions de Français vivent dans des déserts médicaux, dont plus de 60 % des habitants d’Île-de-France. 11 % des Français de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant. Près de la moitié des médecins traitants sont en burn-out.

Quelles sont les raisons de la désertification médicale ?

L’une des principales raisons du manque de médecins serait le « numerus clausus » qui fut particulièrement bas dans les années 1990.
Malheureusement, le nombre de jeunes médecins diplômés n’a pas permis de couvrir les départs en retraite, ni la croissance démographique. Par ailleurs, la population française vieillissante réclame des soins plus lourds et plus longs.
Certains politiciens estiment que ce n’est pas le nombre de médecins qui pose problème, mais bien leur répartition. La France ne manquerait pas de médecins mais certaines zones en sont davantage pourvues que d’autres.

Le numerus clausus : qu'est-ce que c'est ?

Le numerus clausus désigne un nombre fixe d'étudiants admis dans certaines filières universitaires. En d'autres termes, ce n'est pas la moyenne des notes obtenues lors des examens d'admission qui compte, mais le classement des meilleures notes. Un numerus clausus de 500 par exemple, implique que ce sont les 500 étudiants qui ont obtenu les meilleurs résultats qui seront reçus, qu'importe leurs notes.
Ce système avait été appliqué aux études de santé à partir de 1971, dans le but de réguler le nombre de médecins en fonction des besoins de la population et de maintenir un niveau d'excellence minimum au sein des professions médicales. 
Face aux besoins croissants de la population et à la pénurie de professionnels de la santé, le numerus clausus a été supprimé en 2021. 

En effet, les médecins ont la liberté de s’installer où ils le désirent. Or, dans les années 90, les conseils de l’ordre régionaux déconseillaient aux jeunes médecins de s’installer en zone rurale. Certaines régions plus agréables à vivre et déjà bien dotées de professionnels de santé garantissent des horaires plus souples et des conditions de vie telles qu’elles sont privilégiées par les jeunes docteurs.

En outre, à proximité des déserts médicaux, certains médecins sont réquisitionnés pour assurer des permanences de soin. Bien que dénoncées par les syndicats, ces pratiques ont rendu le salariat plus enviable que l’activité libérale aux yeux de nombreux professionnels de la santé. Ils préfèrent donc travailler pour des grands groupes médicaux, principalement en centres urbains, plutôt qu’à la campagne ou dans des zones jugées peu attractives.

Conséquences des déserts médicaux

Les déserts médicaux conduisent à de nombreux problèmes :

  • les délais d’attente pour obtenir une consultation médicale engendrent un risque d'aggravation des problèmes de santé des patients
  • les services d’urgence des départements et régions concernées sont engorgés et sont moins efficaces
  • les parcours de soins sont parfois interrompus, les prises en charge médicales incomplètes
  • les remboursements médicaux sont bloqués par l’absence de médecin traitant

Pour les patients, cela se traduit également par l’impossibilité de trouver un médecin généraliste, d’obtenir une consultation sans rendez-vous, d’être suivi régulièrement par un spécialiste. Les ophtalmologues, les pédiatres et les gynécologues sont les principaux médecins manquants.

Déserts médicaux et ophtalmologie

Trouver un médecin dans un désert médical

Depuis 2012, le Pacte « territoire-santé » est mis en place pour assurer l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Il offre des aides financières et matérielles aux étudiants en médecine et aux médecins acceptant de s’installer en désert médical.

Définir les besoins territoriaux

Les pouvoirs publics et les agences régionales de santé (ARS) ont réalisé des zonages, prenant en compte :

  • d’une part les professionnels de santé, leur âge (afin de prévenir les départs en retraite), et leur spécialité
  • d’autre part, le nombre de patients par médecin ainsi que leurs caractéristiques (l’âge, le taux de malades chroniques, de bénéficiaires de la CMU…)

Grâce à ces prospections, les ARS peuvent établir une APL (Accessibilité Potentielle Localisée) pour chaque praticien. Cela revient à chiffrer le nombre de consultations possibles par an et par habitant de la zone étudiée.
Ces méthodes permettent d’identifier les déserts médicaux et leurs spécificités propres. Elles révèlent que certains territoires peuvent avoir davantage besoin de gériatres ou de gynécologues, par exemple, en fonction de la nature de la patientèle qui y vit.
Des réformes des soins de proximité de 2019 et de 2023 se basent sur ces chiffres. Elles veulent autoriser les médecins retraités à continuer leur exercice et créer le métier d’assistant médical pour assurer le suivi de certains patients. Elles proposent aussi d’améliorer l’accès aux soins en modifiant les études : augmenter le nombre d’étudiants en médecine, offrir plus de stages dans les déserts médicaux, instaurer une année d’étude supplémentaire, encourager les jeunes issus des déserts médicaux à se former aux métiers de la santé…

Repenser le quotidien des médecins

Libérer du temps pour que les médecins puissent recevoir plus et mieux leurs patients fait partie des axes de lutte contre les déserts médicaux. Une revalorisation des salaires, une redistribution des actes de soins bénins ou pouvant être réalisés par d’autres professionnels de santé et la délégation des tâches administratives sont actuellement à l’étude pour soulager les médecins et rendre leurs missions plus réalisables et attractives. Le développement de la télémédecine et l’instauration du remboursement des téléconsultations est également un levier favorisant l’accès aux soins.

Téléconsultations, télémédecine et télésoin

On parle de télémédecine pour désigner les actes médicaux réalisés à distance grâce à l’emploi de technologies de communication.
C’est en 2014 que la première cabine de téléconsultation fut installée dans une résidence pour personnes âgées afin de surveiller les constantes de ses résidents tout en évitant un déplacement des médecins ou des patients.
Aujourd’hui, la télémédecine peut se pratiquer à partir d’un appareil personnel disposant d’une connexion internet : ordinateur, tablette, smartphone.
Des télécabines disposant d’appareils de mesure sont également mises à disposition dans des lieux publics, comme dans certaines pharmacies.
Ces téléconsultations sont désormais remboursées par la sécurité sociale. Elles permettent de contrôler l’état de santé d’un patient, de vérifier des données telles que la température, la tension, le pouls, et d’émettre des ordonnances.

La télémédecine, ou téléconsultation : définition et fonctionnement

Que faire si je ne trouve pas de médecin ?

Tout médecin a le droit de refuser un nouveau patient ! Le Code de la Sécurité Sociale, dans son article L162-5-3, définit les conditions d’un refus de prendre un nouveau patient ou d’être déclaré médecin traitant. Tout refus doit être motivé par des raisons n’impliquant aucun caractère discriminatoire.
Toutefois, selon l’article 47 du Code de la déontologie médicale, un médecin ne peut pas refuser de prodiguer des soins. Deux textes qui semblent contradictoires et qui transforment la question en vrai casse-tête lorsqu’il s’agit de trouver un praticien…
Les CPAM (Caisses Primaires d’Assurance Maladie) et les ARS peuvent vous aider à trouver un médecin traitant acceptant de nouveaux patients. En effet, déclarer un médecin traitant est obligatoire pour garantir un parcours de soin pris en charge par la Sécurité Sociale. Le conciliateur de la Sécurité Sociale peut aussi intervenir dans cette recherche, en 2de instance.
Des « organisations coordonnées territoriales », mises en place avec la CPAM, proposent des téléconsultations, et même la désignation d’un médecin traitant dans certains cas. Ces organisations sont listées sur le site de la CPAM, Ameli.fr, dans l’onglet "près de chez vous : les offres locales ».

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