Les déserts médicaux : définition, causes et conséquences
La définition du terme « désert médical » fait l’objet d’une définition claire et établie depuis que cette problématique est devenue un enjeu de santé publique et une question politique majeure. On parle donc de désert médical lorsque, dans un territoire précis, les délais pour obtenir un rendez-vous médical peuvent nuire à la santé des patients, quand les patients avec de légers problèmes de santé ont recours aux urgences et lorsqu’il devient difficile de trouver un médecin traitant.
Quels sont les déserts médicaux en France ?
L’accessibilité aux soins semble être plus difficile dans les zones rurales et dans les banlieues, notamment au nord de la France. Du fait d’un surplus de patientèle, mais aussi de conditions de vie parfois complexes qui ne permettent pas de trouver facilement un médecin.
Toutes les régions de France sont en partie touchées par ce phénomène. Parmi les zones souffrant de la plus faible densité de médecins du pays, on retrouve des zones reculées de l’Ain, mais aussi des régions dites « sensibles » comme certains quartiers d’Île-de-France.
La fracture sanitaire : des chiffres qui en témoignent
Les déserts médicaux touchent près d’un tiers de la population française. Plus de 8 millions de Français vivent dans des déserts médicaux, dont plus de 60 % des habitants d’Île-de-France. 11 % des Français de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant. Près de la moitié des médecins traitants sont en burn-out.
Quelles sont les raisons de la désertification médicale ?
L’une des principales raisons du manque de médecins serait le « numerus clausus » qui fut particulièrement bas dans les années 1990.
Malheureusement, le nombre de jeunes médecins diplômés n’a pas permis de couvrir les départs en retraite, ni la croissance démographique. Par ailleurs, la population française vieillissante réclame des soins plus lourds et plus longs.
Certains politiciens estiment que ce n’est pas le nombre de médecins qui pose problème, mais bien leur répartition. La France ne manquerait pas de médecins mais certaines zones en sont davantage pourvues que d’autres.
En effet, les médecins ont la liberté de s’installer où ils le désirent. Or, dans les années 90, les conseils de l’ordre régionaux déconseillaient aux jeunes médecins de s’installer en zone rurale. Certaines régions plus agréables à vivre et déjà bien dotées de professionnels de santé garantissent des horaires plus souples et des conditions de vie telles qu’elles sont privilégiées par les jeunes docteurs.
En outre, à proximité des déserts médicaux, certains médecins sont réquisitionnés pour assurer des permanences de soin. Bien que dénoncées par les syndicats, ces pratiques ont rendu le salariat plus enviable que l’activité libérale aux yeux de nombreux professionnels de la santé. Ils préfèrent donc travailler pour des grands groupes médicaux, principalement en centres urbains, plutôt qu’à la campagne ou dans des zones jugées peu attractives.
Conséquences des déserts médicaux
Les déserts médicaux conduisent à de nombreux problèmes :
- les délais d’attente pour obtenir une consultation médicale engendrent un risque d'aggravation des problèmes de santé des patients
- les services d’urgence des départements et régions concernées sont engorgés et sont moins efficaces
- les parcours de soins sont parfois interrompus, les prises en charge médicales incomplètes
- les remboursements médicaux sont bloqués par l’absence de médecin traitant
Pour les patients, cela se traduit également par l’impossibilité de trouver un médecin généraliste, d’obtenir une consultation sans rendez-vous, d’être suivi régulièrement par un spécialiste. Les ophtalmologues, les pédiatres et les gynécologues sont les principaux médecins manquants.
Trouver un médecin dans un désert médical
Depuis 2012, le Pacte « territoire-santé » est mis en place pour assurer l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Il offre des aides financières et matérielles aux étudiants en médecine et aux médecins acceptant de s’installer en désert médical.
Définir les besoins territoriaux
Les pouvoirs publics et les agences régionales de santé (ARS) ont réalisé des zonages, prenant en compte :
- d’une part les professionnels de santé, leur âge (afin de prévenir les départs en retraite), et leur spécialité
- d’autre part, le nombre de patients par médecin ainsi que leurs caractéristiques (l’âge, le taux de malades chroniques, de bénéficiaires de la CMU…)
Grâce à ces prospections, les ARS peuvent établir une APL (Accessibilité Potentielle Localisée) pour chaque praticien. Cela revient à chiffrer le nombre de consultations possibles par an et par habitant de la zone étudiée.
Ces méthodes permettent d’identifier les déserts médicaux et leurs spécificités propres. Elles révèlent que certains territoires peuvent avoir davantage besoin de gériatres ou de gynécologues, par exemple, en fonction de la nature de la patientèle qui y vit.
Des réformes des soins de proximité de 2019 et de 2023 se basent sur ces chiffres. Elles veulent autoriser les médecins retraités à continuer leur exercice et créer le métier d’assistant médical pour assurer le suivi de certains patients. Elles proposent aussi d’améliorer l’accès aux soins en modifiant les études : augmenter le nombre d’étudiants en médecine, offrir plus de stages dans les déserts médicaux, instaurer une année d’étude supplémentaire, encourager les jeunes issus des déserts médicaux à se former aux métiers de la santé…
Repenser le quotidien des médecins
Libérer du temps pour que les médecins puissent recevoir plus et mieux leurs patients fait partie des axes de lutte contre les déserts médicaux. Une revalorisation des salaires, une redistribution des actes de soins bénins ou pouvant être réalisés par d’autres professionnels de santé et la délégation des tâches administratives sont actuellement à l’étude pour soulager les médecins et rendre leurs missions plus réalisables et attractives. Le développement de la télémédecine et l’instauration du remboursement des téléconsultations est également un levier favorisant l’accès aux soins.
Que faire si je ne trouve pas de médecin ?
Tout médecin a le droit de refuser un nouveau patient ! Le Code de la Sécurité Sociale, dans son article L162-5-3, définit les conditions d’un refus de prendre un nouveau patient ou d’être déclaré médecin traitant. Tout refus doit être motivé par des raisons n’impliquant aucun caractère discriminatoire.
Toutefois, selon l’article 47 du Code de la déontologie médicale, un médecin ne peut pas refuser de prodiguer des soins. Deux textes qui semblent contradictoires et qui transforment la question en vrai casse-tête lorsqu’il s’agit de trouver un praticien…
Les CPAM (Caisses Primaires d’Assurance Maladie) et les ARS peuvent vous aider à trouver un médecin traitant acceptant de nouveaux patients. En effet, déclarer un médecin traitant est obligatoire pour garantir un parcours de soin pris en charge par la Sécurité Sociale. Le conciliateur de la Sécurité Sociale peut aussi intervenir dans cette recherche, en 2de instance.
Des « organisations coordonnées territoriales », mises en place avec la CPAM, proposent des téléconsultations, et même la désignation d’un médecin traitant dans certains cas. Ces organisations sont listées sur le site de la CPAM, Ameli.fr, dans l’onglet "près de chez vous : les offres locales ».