Qu’est-ce que la fibrose conjonctivale ?
La fibrose conjonctivale est une affection chronique et progressive de l’œil qui découle le plus souvent d’une conjonctivite chronique. Elle se caractérise par une réaction de cicatrisation excessive au niveau de la conjonctive, cette fine membrane transparente qui recouvre le blanc de l’œil (sclère) et l’intérieur des paupières.
Normalement souple et protectrice, la conjonctive joue un rôle important dans l'hydratation et la défense des yeux contre les agressions extérieures (poussières, bactéries, allergènes). En cas d’inflammation persistante, les tissus peuvent s’épaissir et se rigidifier, formant une fibrose. Cette réponse anormale peut créer des adhérences entre la paupière et le globe oculaire (symblépharon), entraînant une gêne fonctionnelle et des douleurs.
Les conséquences peuvent être sévères : syndrome sec important, entropion (enroulement de la paupière vers l’intérieur), trichiasis (pénétration des cils dans l’œil), et surtout atteinte cornéenne pouvant aller jusqu’à la cécité.
Les causes d’une conjonctivite, et plus particulièrement d’une conjonctivite fibrosante sont nombreuses et peuvent être d’origine immunologique, bactérienne ou encore allergique.
Quelles sont les causes de la conjonctivite fibrosante ?
Cette forme avancée de conjonctivite chronique peut avoir des origines variées. On distingue deux grandes catégories : les causes immunologiques et les causes non-immunologiques.
Les causes immunologiques
Dans un grand nombre de cas, la conjonctivite fibrosante s’inscrit dans un contexte de maladies auto-immunes. Une maladie est dite auto-immune lorsque le système immunitaire attaque les tissus de l’organisme.
Dans le cas d’une fibrose conjonctivale, les pathologies les plus fréquentes sont :
- La pemphigoïde oculaire cicatricielle, une maladie auto-immune bulleuse qui affecte la conjonctive, mais aussi d’autres muqueuses, comme la bouche.
- Le pemphigus paranéoplasique qui résulte, quant à lui, de la présence d’une tumeur sous-jacente. Elle provoque des lésions muqueuses généralisées, y compris au niveau oculaire.
La majorité des cas de conjonctivite fibrosante relève d’une pemphigoïde cicatricielle. Cette pathologie, bien que rare, touche essentiellement les femmes de 60 ans et plus.
Les causes non-immunologiques
Certaines conjonctivites fibrosantes n’ont pas de cause immunologique directe. Des infections virales ou bactériennes, comme la kératoconjonctivite (double inflammation de la conjonctive et de la cornée) ou le trachome (lié à la bactérie Chlamydia trachomatis), peuvent alors être en cause.
D’autres maladies systémiques telles que le lupus ou le syndrome de Gougerot-Sjögren, affectant les glandes lacrymales et salivaires, favorisent aussi cette affection.
Par ailleurs, des réactions allergiques sévères comme le syndrome de Stevens-Johnson ou le syndrome de Lyell, souvent liés à une prise de médicaments, peuvent déclencher une fibrose.
Enfin, des brûlures chimiques, l’utilisation prolongée de collyres contenant des conservateurs, des interventions chirurgicales répétées ou encore certaines maladies dermatologiques chroniques, telles que la rosacée, sont autant de facteurs de risque.
Quels sont les symptômes de la fibrose conjonctivale ?
Dans certains cas, la fibrose conjonctivale est asymptomatique. Mais la majorité des patients présentent des signes progressifs avec :
- Une rougeur oculaire persistante,
- Une sensation de brûlure ou de corps étranger dans l’œil,
- Une gêne à l’ouverture ou la fermeture des paupières,
- Une photophobie (intolérance à la lumière), etc.
Dans les cas les plus avancés, on observe des adhérences entre la paupière et le globe oculaire, des rétractions des paupières ou une fermeture incomplète de l’œil. La vision peut également être altérée.
Comment est diagnostiquée cette affection ?
Pour diagnostiquer une conjonctivite fibrosante, l’ophtalmologue réalise un examen ophtalmologique approfondi dans lequel il inspecte la conjonctive, évalue le film lacrymal et l’acuité visuelle.
En cas de suspicion de maladie auto-immune sous-jacente, une biopsie de la conjonctive, c’est-à-dire d’un prélèvement de tissu, peut être demandée par le professionnel de santé.
Lorsque la fibrose conjonctivale ne concerne pas uniquement les yeux, sa prise en charge devient pluridisciplinaire. Elle nécessite alors une collaboration avec d’autres spécialistes, à l’instar du dermatologue.
Quels sont les traitements possibles ?
Le traitement dépend de l’évolution de la maladie et de sa cause. Il peut être mené conjointement par un ophtalmologue et un dermatologue. Le principal objectif étant de contrôler l’inflammation et de préserver la fonction visuelle.
Des collyres anti-inflammatoires (corticoïdes ou ciclosporine) et des traitements oraux immunosuppresseurs sont régulièrement prescrits. Des larmes artificielles peuvent s’ajouter à cette prescription afin de soulager la sécheresse oculaire.
Dans les cas les plus graves, une chirurgie peut être envisagée pour retirer les adhérences ou reconstruire les tissus abîmés.
Peut-on prévenir la fibrose conjonctivale ?
Il n’est pas toujours possible de prévenir une fibrose conjonctivale. Néanmoins, certains gestes peuvent réduire les risques :
- Consulter sans délai en cas d’inflammation persistante.
- Éviter l’automédication, surtout les collyres corticoïdes en accès libre.
- Entretenir une bonne hygiène oculaire, notamment chez les porteurs de lentilles.
- Limiter l’exposition à des substances irritantes : fumées, solvants, allergènes.
- Surveiller toute pathologie auto-immune connue avec un suivi ophtalmologique régulier.
La fibrose conjonctivale est une maladie rare, mais grave, dont les conséquences peuvent aller jusqu’à la cécité. Bien la connaître permet de repérer les signes d’alerte et d’agir rapidement. Une prise en charge précoce, pluridisciplinaire et adaptée est la meilleure garantie pour limiter les séquelles. Ainsi, face à toute gêne oculaire persistante, consultez un professionnel de santé pour un diagnostic précis.