Les yeux : une fenêtre sur le cerveau
Les yeux ne sont pas de simples capteurs d’image, ils sont directement connectés au cerveau. Le nerf optique, qui transmet les informations visuelles de la rétine au cortex cérébral, est une extension du système nerveux central. De fait, toute anomalie affectant le cerveau peut potentiellement se manifester par des symptômes visuels.
En effet, environ 30 % du cerveau humain est impliqué dans le traitement de la vision, que ce soit pour décoder les formes, les couleurs, les mouvements ou la profondeur.
C’est sur ce lien étroit entre les yeux et le cerveau que repose la neuro-ophtalmologie. Cette discipline utilise les signes visuels comme indicateurs de troubles cérébraux, parfois avant même l’apparition d’autres symptômes.
La neuro-ophtalmologie : c’est quoi ?
La neuro-ophtalmologie est une spécialité médicale située à l’intersection de deux domaines :
- L’ophtalmologie, qui s’intéresse aux maladies des yeux,
- et de la neurologie, centrée sur les troubles du système nerveux.
Elle s’intéresse aux maladies qui, sans être des pathologies oculaires à proprement parler, se manifestent par des troubles visuels. Des troubles qui ne sont pas liés à l'œil en lui-même, mais au cerveau, au nerf optique ou encore aux nerfs moteurs des yeux.
Pour ce faire, l’ophtalmologue et le neurologue sont amenés à travailler en étroite collaboration. D’autres spécialistes peuvent également être consultés, comme l’orthoptiste, le neuroradiologue, le neurochirurgien, etc.
La neuro-ophtalmologie est une discipline encore peu connue. Pourtant, elle permet de détecter des pathologies neurologiques grâce à des symptômes qui, à première vue, ne concernent que les yeux.
Quels symptômes relèvent de la neuro-ophtalmologie ?
Certaines anomalies visuelles alertent sur une possible origine neurologique, surtout lorsqu’elles apparaissent soudainement, de manière inexpliquée, ou qu’elles s’accompagnent d’autres troubles. Parmi elles :
- La perte de la vision, temporaire ou durable.
- Une vision double (diplopie).
- Des mouvements involontaires des yeux (nystagmus).
- Une difficulté à déplacer les yeux dans une ou plusieurs directions.
- Une taille inégale des pupilles (anisocorie).
- Des paupières tombantes (ptosis).
Quels troubles neurologiques les yeux peuvent-ils révéler ?
La neuro-ophtalmologie couvre un vaste champ de maladies, allant des troubles fréquents aux pathologies rares et complexes, à l’instar de :
- La migraine ophtalmique : liée à une hyperactivité cérébrale temporaire, elle se reconnaît par l’apparition de scintillements ou de tâches dans le champ de vision.
- La sclérose en plaques (SEP) : maladie auto-immune chronique du système nerveux, elle peut être à l’origine d’une névrite optique (inflammation du nerf optique). Ses signes visuels sont une baisse brutale de la vision d’un œil, des douleurs oculaires, ou encore une vision altérée des couleurs.
- La tumeur cérébrale : masse anormale comprimant les voies visuelles, la tumeur au cerveau provoque notamment une baisse de vision et une perte de champ visuel.
- La maladie de Parkinson : cette affection neurodégénérative affectant les mouvements peut être à l’origine d’un ralentissement des mouvements oculaires.
- La maladie d’Alzheimer : pathologie neurodégénérative, elle affecte les fibres nerveuses présentes dans la rétine et le nerf optique avant de détériorer la mémoire.
- L’AVC : un accident vasculaire cérébral peut impacter le champ visuel et entraîner une paralysie oculomotrice.
- Myasthénie : cette maladie auto-immune rare affecte la jonction entre les nerfs et les muscles. Elle peut entraîner une vision double et une paupière tombante fluctuante, typiquement en fin de journée.
Le diagnostic précoce de ces troubles, rendu possible par la consultation en neuro-ophtalmologie, permet d’éviter des complications et d’adapter rapidement les traitements.
Comment se passe une consultation en neuro-ophtalmologie ?
Le parcours débute généralement par une consultation ophtalmologique classique. Lorsqu’une anomalie d’origine neurologique est suspectée, le patient est alors orienté vers le spécialiste approprié : ophtalmologue spécialisée en neuro-ophtalmologie, neurologue, orthoptiste, etc.
Les examens ophtalmologiques
La première étape de la consultation consiste à évaluer la santé oculaire du patient et à déterminer si les troubles visuels sont d’origine ophtalmologique ou neurologique. Pour cela, plusieurs examens sont effectués :
- Mesure de l’acuité visuelle.
- Étude des mouvements oculaires.
- Test des réflexes pupillaires, etc.
Un fond d’œil est ensuite réalisé, parfois complété par une tomographie par cohérence optique (OCT) pour visualiser les structures profondes de l’œil.
Les examens neurologiques
Côté neurologique, la recherche des signes associés commence par un examen clinique approfondi au cours duquel le professionnel de santé évalue l’ensemble du système nerveux, la motricité oculaire et l'existence d’autres signes neurologiques.
En fonction de cette première évaluation, des examens complémentaires, comme une IRM cérébrale ou des tests orthoptiques, sont prescrits pour affiner le diagnostic.
Quels que soient les symptômes, une collaboration pluridisciplinaire est indispensable. Ophtalmologues, neurologues, radiologues ou encore orthoptistes travaillent ensemble pour poser un diagnostic précis et orienter le traitement qui sera différent selon la pathologie détectée.
Spécialité encore méconnue par le grand public, la neuro-ophtalmologie explore les liens entre les yeux et le cerveau. Essentielle à la détection précoce de nombreuses pathologies neurologiques, elle s’appuie sur des troubles visuels souvent révélateurs et permet d’agir rapidement face à des maladies potentiellement graves.