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Rétine artificielle : état des lieux des avancées en 2025

5 min de lecture
Gwendoline Billy
Publié le 24/12/2025

Avec le vieillissement de la population, les maladies dégénératives de la rétine, à l’image de la DMLA, sont de plus en plus fréquentes. Provoquant une cécité progressive, ces pathologies figurent parmi les premières causes de malvoyance en France. Pour limiter leur impact, plusieurs pistes sont explorées. Parmi celles-ci : la rétine artificielle. Bien qu’encore expérimentale, cette technologie innovante montre des résultats cliniques positifs et laisse entrevoir une production à grande échelle.

En résumé

La rétine artificielle représente un espoir majeur pour les personnes atteintes de maladies dégénératives de la vision, comme la DMLA ou la rétinite pigmentaire. Grâce aux avancées technologiques, ces dispositifs permettent aujourd’hui de restaurer une vision partielle chez certains patients. En 2025, plusieurs implants sont en cours de test, notamment en France et aux États-Unis. Bien que leur commercialisation reste à venir, les résultats cliniques sont encourageants et le marché connaît une forte dynamique, laissant entrevoir une démocratisation future de cette technologie.

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Qu’est-ce qu’une rétine artificielle ?

La rétine artificielle, aussi appelée implant rétinien, prothèse rétinienne ou œil bionique, est un dispositif électronique biocompatible que l’on implante sur ou sous la rétine d’un des deux yeux. Son rôle est de compenser le dysfonctionnement de la rétine.

Rappel sur le fonctionnement de la rétine

La rétine est une fine membrane qui tapisse le fond du globe oculaire. Divisée en deux zones, sa partie centrale, composée de la macula et de la fovéa, assure la vision fine, diurne et en couleur. La partie périphérique, quant à elle, élargit le champ de vision, détecte les mouvements et permet de percevoir son environnement même lorsque la luminosité est faible.

Chaque zone contient des millions de cellules photoréceptrices appelées cônes et bâtonnets. Ces cellules transforment la lumière reçue en signaux électriques, ensuite transmis au cerveau via le nerf optique, qui les interprète pour créer des images.

Ainsi, la rétine, et en particulier ses photorécepteurs, est indispensable à la vision

Pourquoi utiliser une rétine artificielle ?

Certaines maladies oculaires s’attaquent aux cellules photoréceptrices, qui deviennent progressivement dysfonctionnelles. Nommées maladies rétiniennes dégénératives, elles impactent directement et durablement la vision.

C’est le cas de la DMLA, de la rétinite pigmentaire et de la rétinopathie diabétique :

  • La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) touche la partie centrale de la rétine. Due au vieillissement naturel de l'œil, elle peut être de forme humide ou sèche (la plus fréquente). Si des traitements existent pour ralentir la progression de la DMLA humide, aucun médicament n’est aujourd’hui disponible pour la forme sèche.
  • La rétinite pigmentaire est une maladie génétique qui détruit progressivement les photorécepteurs. Elle touche d’abord les bâtonnets (majoritaires dans la zone périphérique), puis les cônes, responsables de la vision centrale.
  • La rétinopathie diabétique est une complication du diabète qui provoque des lésions sur la rétine. Celles-ci créent des fuites de sang et de liquide qui empêchent les photorécepteurs de remplir leur rôle efficacement.

Venant en soutien à la rétine naturelle de l'œil, l’implant rétinien s’adresse particulièrement aux personnes atteintes d’une forme sévère d’une de ces pathologies et permet de compenser le manque de photorécepteurs actifs. Proche de la cécité ou aveugles, elles peuvent ainsi retrouver une vision partielle et gagner en autonomie et en confort de vie.

Les technologies d’implant rétinien

Utilisant des technologies de pointe, comme le génie biomédical ou la nanotechnologie, la rétine artificielle est un implant miniaturisé de 2 mm que l’on place sur (épirétinien) ou sous (subrétinien) la rétine.

L’implant épirétinien

La première prothèse rétinienne développée et commercialisée était un implant épirétinien, placé à la surface de la rétine. Composé d’un réseau de microélectrodes, il fonctionne avec une paire de lunettes munie de caméras et avec un micro-ordinateur portable.

Les images captées par les lunettes sont transformées en signaux électriques par l’ordinateur, puis transmises à l’implant. Les microélectrodes activent ensuite les cellules rétiniennes encore fonctionnelles pour envoyer les signaux au nerf optique, puis au cerveau. 

L’implant subrétinien

L’implant subrétinien est inséré sous la rétine. Plus moderne, il offre une meilleure qualité d’image et, dans certains cas, peut se passer d’accessoires encombrants comme les lunettes ou le boîtier externe. Une alimentation reste néanmoins nécessaire. Placée derrière l’oreille, elle complexifie l’intervention chirurgicale.

Dans tous les cas, les implants rétiniens nécessitent une longue période de rééducation afin d’adapter les réglages et d’apprendre à vivre avec ce nouveau mode de perception. 

Les premiers résultats montrent qu’une acuité visuelle proche de 1/20 (seuil légal de cécité) peut être atteinte chez la personne aveugle. Toutefois, la vision reste principalement en noir et blanc.

Les principaux implants rétiniens

Il existe de nombreux implants rétiniens, à des stades plus ou moins avancés de développement. Le premier à avoir été approuvé est l’Argus II de la société américaine Second Sight. Implant épirétinien équipé d’une caméra externe, il fait figure de précurseur. Cependant, sa production est stoppée en 2019 au profit de dispositifs plus performants.

Parmi les plus prometteurs, se trouve l’implant subrétinien Prima. Développé par la société française Pixium Vision puis reprit par l’américain Science Corporation (concurrent de l’entreprise Neuralink d’Elon Musk), il a fait l'objet de plusieurs essais cliniques concluants selon les résultats divulgués fin 2024. 

Intégrant de l’intelligence artificielle (IA), il fonctionne à l’aide de lunettes porteuses de caméra. Il offre une vision utile, mais aussi un zoom x8 pour améliorer la lecture et la perception des détails.

À ce jour, tous les porteurs d’implant rétinien sont des participants d’essais cliniques. En-dehors de ces essais, la technologie n’est pas encore accessible au grand public

Quel prix pour un implant rétinien ?

La seule information tarifaire disponible concerne l’Argus II, qui coûtait environ 90 000 € avant son retrait du marché. Ce prix s’explique par la technologie avancée utilisée et une production à très faible échelle.

Des implants qui étaient réservés aux patients participant à des essais cliniques, dans le cadre desquels ils étaient entièrement pris en charge.

Si les tarifs actuels sont très élevés, les perspectives économiques du secteur laissent entrevoir une baisse des prix à mesure que la technologie se démocratise. 

Quels défis et perspectives pour l’avenir ?

Évalué à 150 millions de dollars en 2023, le marché mondial de la rétine artificielle devrait atteindre les 450 millions de dollars d’ici 2030. 

Cette croissance s’explique par plusieurs facteurs :

  • Le besoin croissant : avec le vieillissement de la population, de plus en plus de personnes souffrent de maladies dégénératives de la rétine.
  • Les avancées technologiques : montrant déjà des résultats satisfaisants, les implants rétiniens vont continuer de se perfectionner, devenant plus performants et moins invasifs. 
  • Les financements et collaborations : les entreprises et les universités s’intéressent de plus en plus à cette technologie et contribuent à l'accélération de la recherche et du développement.

Malgré cela, plusieurs défis restent à relever :

  • La validation clinique : aucun implant n’a encore reçu une autorisation de mise sur le marché grand public.
  • La formation des chirurgiens et la mise en place de protocoles post-opératoires normalisés.
  • Le coût : qui reste aujourd’hui très élevé pour un usage grand public.

En 2025, la rétine artificielle n’est donc plus une utopie. Ayant derrière elle 10 ans de recherche et de développement, elle représente un traitement prometteur contre les maladies rétiniennes dégénératives. Pour autant, si les premiers résultats cliniques sont encourageants, il reste du chemin à parcourir avant qu’elle ne se généralise. 

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